La Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume permet de faire des rencontres émouvantes !
Sylvie ETIEMBLE, l’éditeur des Editions Asiatika a échangé avec Sylvie GIONO, la fille du très grand Jean GIONO !
Quand deux filles d’écrivains se rencontrent, l’émotion est au rendez-vous :
Jean Giono, né le à Manosque et mort le dans la même ville, est un écrivain français. Un grand nombre de ses ouvrages a pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque dépeint la condition de l’homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques et possède une portée universelle.
A partir de 1934, Giono affirme un pacifisme intégral. C’est la Grande Guerre, durant laquelle il a été mobilisé à partir de janvier 1915, participant à de nombreux engagements, à Verdun ou au Chemin des Dames, qui l’a rendu profondément pacifiste. Le titre de son article pacifiste publié dans la revue Europe en novembre 1934 « Je ne peux pas oublier » atteste de l’empreinte indélébile de la guerre. Il refuse toute légitimation de cette dernière, même au nom de l’antifascisme et affirme dans « Refus d’obéissance » en 1937 que si un conflit éclate, il n’obéira pas à l’ordre de mobilisation. Il est un temps proche des communistes mais s’en détache dès 1935. En septembre 1939, lorsque la guerre débute, Jean Giono, qui s’était présenté à son centre de mobilisation, est arrêté pour avoir signé le tract « Paix immédiate » lancé par l’anarchiste Louis Lecoin. Il est incarcéré deux mois au Fort Saint-Nicolas à Marseille, puis est libéré en novembre 1939 et dégagé de toute obligation militaire. Durant la guerre, Giono se tient à l’écart et ne prend aucun parti. Toutefois, à la Libération, il est accusé de collaboration et en septembre 1944 est arrêté et incarcéré durant cinq mois à Digne. On lui reproche surtout la publication de son romanDeux cavaliers de l’orage à partir de décembre 1942 dans La Gerbe, journal collaborationniste d’Alphonse de Châteaubriant. Pourtant, il n’a jamais pris de position publique en faveur de la Collaboration. Dès l’été 1944, Jean Giono est en outre placé sur la liste noire par le Comité national des écrivains.
Ce n’est qu’avec la publication de la première partie d’Un roi sans divertissement en 1947 dans les « Cahiers de la pléiade » que prend fin l’interdit qui pesait sur lui. La noirceur y domine comme dans Les Ames fortes, paru en 1950. Giono publie ensuite Le Hussard sur le toit en 1951, suivi duBonheur fou en 1957: ils décrivent la traversée de la Provence touchée par une épidémie de choléra sous le règne de Louis-Philippe par Angelo, jeune colonel de hussards, puis ses combats en Italie. Giono retrouve ainsi sa place dans le monde littéraire et est même élu à l’Académie Goncourt en 1954. Il assiste par ailleurs au procès Dominici et publie en 1955 ses notes sur cette affaire. Il s’oriente enfin vers le cinéma: il écrit le scénario du film L’Eau vive sorti en 1958, dirige lui-même un film, Crésus, en 1960 et préside le jury du Festival de Cannes en 1961.
Il devint l’ami de Lucien Jacques, d’André Gide et de Jean Guéhenno, des peintres Georges Gimel et Serge Fiorio, ce dernier étant son cousin issu de germain. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps.
Quelques unes de ses oeuvres :
- Le Chant Du Monde, 1933 – éditions Grasset puis Gallimard
- Un Roi Sans Divertissement, 1947 – éditions Gallimard
- Le Hussard Sur Le Toit, 1951 – éditons Gallimard
- Le Moulin De Pologne, 1949 – 1952, éditions Gallimard
- Oeuvres complètes en 6 tomes publiées chez Gallimard
Quelques films dont il fut le scénariste et réalisateur :
- L’Eau Vive, 1958 réalisée par François Villiers
- Un Roi Sans Divertissement, 1963 réalisé par François Leterrier
Quelques unes de ses pièces de théâtre :
- Le bout de la Route – Lanceur de Graines – La Femme du boulanger – Gallimard – 1943
- Le Cheval fou – Gallimard – 1974
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Sylvie ETIEMBLE, la fille d’ETIEMBLE
René Étiemble (Mayenne, – Vigny, ), connu sous le nom de plume d’Étiemble, est un écrivain, linguiste et universitaire français, reconnu notamment comme sinisant éminent, spécialiste du confucianisme et du haïku, traducteur de poésie, défenseur des littératures extra-européennes, polémiste érudit, pourfendeur du franglais, et l’un des principaux initiateurs et animateurs de la littérature comparée de son époque.
Originaire de Mayenne, agrégé de grammaire en 1932, professeur au lycée de Beauvais puis aux universités de Chicago, d’Alexandrie et de la Sorbonne, auteur de 70 ouvrages, ce pamphlétaire s’est fait connaître d’un large public en publiant en 1964 « Parlez-vous franglais ? ». Un essai dans lequel il défendait la langue française en fustigeant l’emploi des néologismes d’origine anglo-saxonne et le « sabir atlantique ».
Critique littéraire des Temps modernes, de la N.R.F., il a publié ses articles et ses essais parus de 1952 à 1967 dansHygiène des lettres, en cinq volumes.
Dans un essai, « Le Mythe de Rimbaud », paru en 1953 et couronné du prix Sainte-Beuve, René Etiemble avait écrit: « Lisez Rimbaud. Un passage vous résiste. Prenez votre grammaire et votre Littré », ce qui provoqua quelque émoi parmi les défenseurs de l’oeuvre poétique de « l’homme aux semelles de vent ».
On doit aussi à René Etiemble des observations de voyage (« Autour du monde », 1969), des « Essais de littérature (vraiment) générale » (1975) et le récit de son parcours (« Lignes d’une vie », 1988-1989). Il s’était fait en 1971 le défenseur du sinologue Simon Leys qui avait publié « Les habits neufs du président Mao ».
Au cours d’un entretien avec Jacques Chancel en décembre 1976, il avait dit: « Il ne faut, à aucun prix, renoncer à l’écriture, ne serait-ce que parce que dans toutes les grandes civilisations l’écriture est liée à la calligraphie, c’est-à-dire à la beauté ».
René Etiemble s’est enfin distingué pendant sa longue carrière (60 ans) pour avoir refusé à plusieurs reprises d’entrer à l’Académie française.
Quelques unes de ses oeuvres :
- Collection Connaissance de l’Orient, 1956 jusqu’à nos jours, éditions Gallimard/UNESCO
- L’enfant de choeur, éditions définitive 1988, Gallimard
- Parlez-vous Franglais ? 1964, éditions Gallimard
- Le mythe de Rimbaud, 1991, éditions Gallimard
- Le meurtre du petit père, 1990, éditions Arléa